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La Machine à écrire #1 & #2 : l’animation jeunesse avec Arthur de Pins et Léonie de Rudder


Avec mon acolyte de toujours, Michael Cesneau, nous avons décidé d’adapter en podcast la série d’interviews que j’avais amorcée sur ce site mais que j’avais dû interrompre faute de temps.

Voici donc le premier épisode de la machine à écrire.

Pour ce premier épisode, nous recevons Arthur de Pins auteur de bande-dessinée (La Marche du crabe, Pêchés mignons, Zombillénium) et réalisateur nominé aux Césars 2018, ainsi que Léonie De Rudder, romancière et scénariste de séries d’animation (Miraculous, Lastman, Les Crumpets, Titeuf, Les Daltons).

Ils nous parlent de leurs débuts, des premières histoires qu’ils ont écrites, de comment ils en ont fait un métier, comment ils travaillent en équipe, des questions fondamentales à se poser quand on écrit une histoire et de comment organiser l’écriture d’une série feuilletonnante.

Ils nous parlent aussi de comment on passe d’une bande-dessinée à un film ou à une série, de comment le budget influence l’écriture, des interdits des productions jeunesse, de la lutte des classes entre zombies et vampires, de téléachat, de la série Lastman et des coulisses de fabrication du film Zombillénium.

Il y aura peut-être un scoop ou deux au passage… 🕵️

Nous diffusons cette conversation en deux parties. N’hésitez pas à vous abonner pour être prévenu lorsque la suite sera disponible. On y parlera conseils, trucs et astuces, recommandations et on dira du mal de séries et de films que tout le monde adore 😁.

C’est disponible ici :

Et là:

On espère que ça vous plaira !
Je m’appelle Agnès Abécassis et voilà comment j’écris…

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Je m’appelle Agnès Abécassis et voilà comment j’écris…


Agnès Abécassis écrit. Beaucoup. Des romans, qu’elle illustre parfois, des bande-dessinées qu’elle dessine aussi, et même des essais hédonistes sur le développement personnel. Entre son premier roman Les tribulations d’une jeune divorcée et le dernier Café ! un garçon s’il vous plaît, un inédit qui vient de paraître au Livre de Poche, c’est plus d’un million de lecteurs qui ont dévoré les aventures de ses personnages.

Quand Agnès n’imagine pas ses scénarios pour le papier, elle en écrit pour la télé (vous vous souvenez de Philippe Dana et de l’émission Ça Cartoon ?) ou pour le cinéma. Elle est aussi journaliste et animatrice radio.

Tout ça en même temps, ou en alternance.

 

Portrait d'Agnès Abécassis
A la suite de Davy, Vinvin et Fabien, c’est au tour d’Agnès Abécassis de nous livrer ses secrets de fabrique.

 

Là, tout de suite, sur quoi écris-tu ?

Je ne raconte jamais sur quoi je travaille. Jamais. C’est la base. Ça m’angoisse 🙂

 

Tes premiers souvenirs d’écriture ?  

J’ai commencé à écrire quand j’ai eu ma première fille. J’ai eu envie d’inventer pour mon bébé des histoires pour enfants, et j’en ai écrit cinq ou six, que j’ai illustrées aussi dans la foulée. Elles n’ont jamais été publiées, il faudrait que je les propose à un éditeur…

 

D’où est venue l’envie d’écrire ?

De la lecture qui a toujours eu une place prépondérante dans ma vie. Lecture et écriture sont étroitement liées. On ne peut pas écrire si on n’est pas, à la base, une grande lectrice. Auparavant, je dessinais. Tout le temps. J’ai changé de mode d’expression sans vraiment m’en rendre compte, ça s’est fait tout naturellement. Comme on passerait d’un instrument de musique à un autre.

 

Quand t’es-tu senti professionnelle ?

Professionnelle dans l’écriture ? Quand mon premier article a été publié dans un magazine. Romancière pour de vrai ? Quand j’ai tenu mon premier roman entre mes mains. Je l’ai découvert le jour du service de presse, j’étais seule dans une pièce vide, je souriais bêtement, et je m’interdisais de fondre en larmes : sans public, ça aurait été encore plus pathétique ! Mais je pense que le fait de recevoir une rétribution monétaire pour son travail donne une certaine légitimité. Des gens ont investi des sous pour acheter ce que l’on a produit. Ils nous les ont donnés à nous, pas à un(e) autre. C’est bien la preuve qu’on joue désormais dans la cour des grands.

 

Est-ce qu’il y a des thèmes récurrents dans ton œuvre ?

L’amour. L’espoir. La reconstruction en mieux. Le positivisme. J’ai besoin que mes productions fassent du bien au lecteur. J’ignore pourquoi, mais ça m’est nécessaire. Mon écriture saupoudrée d’humour en est une conséquence, j’imagine. Je veux donner du plaisir à la personne qui me lit. De toutes les émotions, c’est sans doute celle qui m’intéresse le plus.

Café, un garçon d'Agnès Abécassis
A chaque nouvelle sortie, les lecteurs d’Agnès Abécassis lui envoient diverses photos liées à son livre. De chouettes fans.

 

Quelle est ta routine de travail ?

J’écris souvent tôt le matin. Dans le calme, le silence, un mug de thé à côté de moi. Quoique depuis quelques années, j’alterne avec le café. Sans sucre, toujours. Je n’ai pas de journée d’écriture type, je ne suis jamais parvenue à cette rigueur. J’ai toujours mille choses à faire, j’essaie donc d’écoper ce qui est important ou ce qui risque de me distraire, et ensuite, je plonge dans cet état second consistant à m’immerger avec mes personnages, pour les voir évoluer. Ça peut durer trois heures, comme ça peut en durer cinq en fonction des circonstances.

 

Quels sont tes outils ?

Un carnet Paperblanks pour y noter mes idées dans la journée, une page Word pour les y transférer. Et des feutres Stabilo OH Pen à pointe fine que j’achète par dizaines, pour toujours en avoir avec moi tant j’aime leur confort d’écriture.

 

Ton environnement d’écriture préféré ?

Chez moi exclusivement. Je suis sauvagement casanière. J’ai essayé d’écrire ailleurs, mais ça ne marche pas. Je suis une contemplative, j’adore observer ou écouter les gens, et laisser courir mon imagination. Impossible alors de me concentrer sur mon texte, donc pour être efficace, je reste derrière mon bureau.

 

Comment abordes-tu un nouveau projet ?

Quand j’entame un nouveau roman par exemple, ça ressemble à une fécondation. Une idée rencontre une autre idée. Et sur ce terrain propice, elle s’ancre en elle. Petit à petit, le concept se forme, se développe, se construit. Il n’est rien au début, et tout à la fin. Et moi, je suis là, j’observe, je note, je corrige, j’invente. Tout cela peut prendre des mois, avant que je comprenne précisément à quoi ressemblera l’histoire finie.

L’idée n’est rien, si elle n’est pas remodelée longuement comme on pétrit un bon pain.

Quelle est la part d’improvisation et de préparation dans l’écriture ?

Très peu. Tout est très travaillé, très relu, et surtout mille fois corrigé. Einstein disait : « Le génie, c’est 1% d’inspiration, et 99% de transpiration ». Ce sera donc, à lui et à moi, notre seul point commun ! L’idée n’est rien, si elle n’est pas remodelée longuement comme on pétrit un bon pain. Sans y ajouter d’air (l’inspiration), sans y adjoindre de levure (les envolées lyriques), et sans y jeter une pincée de sel (pour accommoder à mon goût), c’est juste une bouillie informe de farine mélangée à de l’eau. Bien sûr, il m’est arrivé d’avoir des fulgurances : un dialogue si nickel qu’il n’avait pratiquement pas besoin d’être retouché, une scène idéale. Mais c’est assez rare. D’ailleurs, quand je relis mes notes, après la parution d’un roman, je retrouve des passages écrits à la main dans mes carnets, qui figurent, d’une certaine manière, la version préhistorique de ma scène publiée.

 

Pour toi, quel est l’ingrédient principal d’une bonne histoire ?

L’envie, le désir, le besoin de la raconter. Il faut que ça submerge l’auteur, pour pouvoir emporter le lecteur.

 

Aujourd’hui, et hors de ta prochaine création, de quelle histoire es-tu la plus fière ?

C’est comme de demander à une mère de choisir entre ses enfants… Honnêtement, je ne sais pas. Peut-être mon roman « Les tribulations d’une jeune divorcée » (au Livre de Poche). Je l’ai écrit avec une liberté de ton un peu folle, un ton que j’ai discipliné par la suite, après l’immense succès qu’a rencontré ce livre.

Les tribulations d'une jeune divorcée d'Agnès Abécassis
Les tribulations d’une jeune divorcée, premier roman d’Agnès Abécassis s’est vendu à plus de 200 000 exemplaires.

 

A l’inverse, parle nous d’un gros ratage ?

Plutôt qu’un ratage, je pense plutôt à des occasions manquées. Des projets que je n’ai pas osé aborder, des absences de confiance en moi qui m’ont inhibée. Mais je préfère les oublier.

 

Comment construit-on un bon personnage ? De quoi pars-tu ?

Je pars soit d’expériences vécues sur lesquelles je vais rebondir pour les transformer en autre chose (je les utilise rarement brutes), soit d’observations qui entrent en résonance avec des choses qui me plaisent, ou qui me parlent.

 

Une astuce pour qu’un dialogue ou un texte sonne juste ?

Que mon regard ne ripe pas dessus à la relecture. Il faut que tout soit fluide.

Si je sèche, je m’en lave les mains. […] Je quitte mon siège, j’abandonne tout, et je vais dans la cuisine faire la vaisselle.

 

La scène, le dialogue ou le texte que tu as eu le plus de mal à écrire ?

Tout dépend du climat émotionnel que je traverse. J’écris mieux en étant sereine, libre, et éloignée de tout conflit. Donc si ces circonstances ne sont pas réunies, je serre les dents et j’écris quand même, dans la douleur. Ça m’est arrivé. Forcément… Mais la véritable réponse à cette question impliquerait quelque chose de trop personnel. Donc je passe.

Illustration d'Agnès Abécassis dans Les tribulations d’une jeune divorcée
Illustration © Agnès Abécassis,  « Les tribulations d’une jeune divorcée » au Livre de Poche – 2014.

 

Dans un cadre plus quotidien, et comme, en écriture, on ne peut pas toujours être à 100 à l’heure, j’ai une technique quand je bloque sur un passage : si je sèche, je m’en lave les mains. Voilà. C’est très exactement comme cela que ça se passe. Je quitte mon siège, j’abandonne tout, et je vais dans la cuisine faire la vaisselle. Ne ricanez pas, Agatha Christie avait la même astuce ! Le mouvement répétitif de l’éponge me plonge dans un état de méditation, accentué par l’eau fraîche qui coule sur mes mains. Du coup, je déconnecte, je me détends, je lâche prise, et hop ! L’idée que je pressais d’apparaître sans succès afflue, lumineuse, au moment où je ne la cherchais plus.

 

La dernière bonne histoire que tu as lue, vue ou entendue ?

Aïe… je déteste citer des œuvres, d’une part parce que j’ai une mémoire de poisson rouge, et d’autre part parce que… eh bien… je ne m’en souviens pas !

Ceci dit, quand je découvre une œuvre qui me plaît, par exemple une nouvelle série, format que je consomme avidement, j’éprouve le besoin d’en faire la promo. Il faut que je partage mon exaltation ! J’ai besoin d’annoncer au monde les pépites que j’ai découvertes ! D’ailleurs, j’ai quelques copains écrivains (ou pas), boulimiques comme moi de séries TV, qui notent scrupuleusement les titres que j’ai adoubés.

Dernièrement, j’ai pas mal recommandé Feud, Big Little Lies et The Good Fight, la spin-off de The Good Wife, qui est d’ailleurs clairement 30 km au-dessus…

Feud, c’est une série d’anthologie où chaque saison se concentre sur la rivalité entre deux protagonistes célèbres. La première saison a porté sur la concurrence entre Joan Crawford et Bette Davis (incarnées respectivement par Jessica Lange et Susan Sarandon, magistrales) sur le tournage du film Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? C’est une série qui parle d’histoire, de culture, elle est si réussie qu’après chaque épisode, j’allais faire un tour sur internet pour voir ce qui s’était réellement passé. Comme par exemple cette scène hallucinante de Joan Crawford qui vole l’Oscar à Bette Davis : tout est fidèle, jusqu’à la coiffure de Crawford, saupoudrée d’argent, et on apprend pourquoi dans la série…

Big Little Lies est une mini série en sept épisodes, adaptée d’un roman de L. Moriarty, et créée par David E. Kelley, à qui on doit des séries comme Ally Mc Beal pour n’en citer qu’une seule. Pour le casting, il a sélectionné un caviar d’actrices : Nicole Kidman, Reese Witherspoon, Laura Dern, Zoë Kravitz, Shailene Woodley, etc. Tout y est excellent : l’intrigue, le jeu des comédiennes, la réalisation, le drame, la comédie… c’est un thriller au féminin de très grande qualité.

The Good Fight, il faut le voir, parce que quand c’est aussi bon, on ne pinaille pas, on plonge et on savoure ! C’est profondément intelligent, c’est remarquablement écrit et c’est superbement joué. Les scénaristes sont partis d’une situation d’urgence pour créer un scénario à couper le souffle, une intrigue centrée sur le personnage de Diane Lockhart, qui, à la veille de sa retraite, se retrouve ruinée par un scandale financier inspiré de Madoff. Bon, quand ça va vite, généralement ça n’envoie que du bruit, mais pas ici. Il y a une osmose dans l’intelligence des situations, des interactions entre les personnages et des dialogues.

Si j’ai le droit à une de plus, je dirais Better Things, de Louis C.K et Pamela Adon, le portrait d’une mère de famille qui a trois filles, et qui jongle entre son rôle de mère et sa vie de femme et de comédienne. C’est complètement foutraque mais c’est tendre, cynique, rigolo et un poil désespéré, mais rien qui déprime !

 

A l’inverse, la dernière fois que tu as été accrochée par la promesse d’une histoire ou par un pitch et qu’au final, tu as été déçue ?

D’une manière générale, je passe vite à autre chose et ne m’attarde pas si je considère que l’œuvre n’est pas à la hauteur du pitch. Je n’ai donc jamais de grandes déceptions. Disons que je déteste quand c’est lent sans raisons. Par exemple, une série comme Westworld, ça se traîne trop pour moi. Pas d’évolution des personnages d’un épisode à l’autre, des actions répétitives, ils ont pris une saison entière pour planter le décor. Bof. A côté de ça, le rythme délicat d’un Downton Abbey me convient tout à fait. Les intrigues sont suffisamment solides et bien construites pour me captiver malgré le calme (très) relatif des épisodes.

 

Le meilleur conseil d’écriture que tu aies reçu ?

Je crois que c’était Stephen King, dans « Ecriture, mémoires d’un métier », qui évoquait l’art d’élaguer et combien il était nécessaire de se forcer à le faire, même si on était fier de sa prose. A chaque fois que je coupe des passages pour tonifier un paragraphe ou pour accélérer un rythme, je pense à lui.

Stephen King, écriture, mémoires d'un métier
Le livre est à retrouver dans ma bibliothèque idéale du conteur.

 

Le livre qu’il faut absolument avoir lu pour comprendre comment bien raconter une histoire ?

Tous, voyons ! Aucune histoire ne se raconte de la même manière. Aucune. A chacun de trouver la façon qui lui est propre. Je ne crois d’ailleurs pas aux techniques d’écriture, aux règles ou aux obligations. En tout cas, pas en littérature.

 

Le scénariste que tu admires par-dessus tout ?

Malheureusement, les scénaristes étant si peu mis en avant par rapport aux réalisateurs, il n’est pas évident de savoir instantanément les identifier. Comme je suis une dingue absolue de cinéma espagnol, je dirais Alex de la Iglesia. Et pour la BD, je citerai René Goscinny, intemporel, et André Franquin, ce génie.

il y a des histoires dont je regrette de ne pas avoir eu l’idée. Ce sont surtout des récits de science-fiction !

L’histoire qui t’a influencée ou que tu aurais aimé avoir écrite (et pourquoi ?)

Houlà, quand je prends du plaisir à lire une histoire, je trouve ce plaisir dans mon statut de lectrice qui se laisse faire, qui accepte d’être embarquée grâce aux mots d’un autre. Je ne retiens rien des techniques utilisées. Simplement, je savoure. Bien sûr, il y a des histoires dont je regrette de ne pas avoir eu l’idée. Ce sont surtout des récits de science-fiction ! Quand on peut tout faire, tout imaginer, et tout inventer, et que je me dis… mais pourquoi je n’ai pas osé aller par là ?

 

Celle que tu conseilles ou que tu offres régulièrement ?

Il n’y a pas de règles. Je conseille mes derniers coups de cœur, mais pas seulement. Quand j’offre un cadeau, je cherche avant tout à m’adapter aux goûts de la personne, ça donne une palette trop large pour être résumée par des œuvres récurrentes.

Agnès Abécassis - strip BD
Strip extrait de l’album « Les carnets d’Agnès » chez Hugo BD

 

Si c’était possible, qui voudrais-tu voir répondre à ce questionnaire ?

Tiens… Toi, Yannick, par exemple.

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Les 7 liens de la semaine #2


En Français :

  • Le Prix de la nouvelle Rotary – Charles Batut, un concours d’écriture de nouvelle par le Rotary Club de Bourges.
    Nouvelle à envoyer avant le 1er Mars 2017. Le prix est doté d’une somme de 500 €, le 2ème de 300 €. Le thème est : UNE SECONDE CHANCE.

En Anglais :

Des scripts à télécharger :

Je m’appelle Fabien Toulmé et voilà comment j’écris…

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Je m’appelle Fabien Toulmé et voilà comment j’écris…


Fabien Toulmé est scénariste et dessinateur.

Son premier album Ce n’est pas toi que j’attendais, récit autobiographique sur son chemin vers sa petite fille trisomique, a rencontré un grand succès critique et public. Fabien a également participé à plusieurs collectifs BD : Les autres gens, We are The 90’s ou Axolot 2. On peut l’apercevoir dans la presse, dans le magazine BD Psikopat, dans l’hebdo Spirou au sein de l’atelier Mastodonte ou dans Lanfeust Mag avec une série de récits courts nommée « Heureux qui comme Alex ». En parallèle, il travaille dans l’illustration jeunesse et de communication.

Son nouvel album Les deux vies de Baudouin, une réflexion sur « ce que c’est de vivre vraiment » qui constitue son premier roman graphique de fiction, est sorti aujourd’hui, le 15 février 2017.

(DISCLAIMER : tout comme Davy Mourier, Fabien est un pote qui a immédiatement accepté d’essuyer les plâtres de cette série d’articles. Je suis également l’éditeur de ses albums chez Delcourt suite à notre première rencontre dans un speed-dating auteur-éditeur qu’il raconte un peu plus bas. Et oui, dans les prochains portraits, il y aura des gens que je n’édite pas.)

Portrait Fabien Toulmé
Oui, Fabien est beau gosse (sublimé ici par le talent de la super photographe Chloé Vollmer-Lo)

 

Là, tout de suite, sur quoi écris-tu ?

Je travaille sur plusieurs choses en parallèle. J’aime bien pouvoir alterner et passer d’un projet à l’autre. En ce début d’année, ce qui occupe l’essentiel de mon temps, en plus de la presse et des commandes d’illustration, c’est :

  • Une BD en partenariat avec le festival Lyon BD et le Musée des Confluences de Lyon, à paraître en juin 2017. Elle fera écho à une importante exposition sur le poison qui s’y tiendra « Venenum, un monde empoisonné). On y abordera le sujet sous différents angles scientifiques et historiques : les grands empoisonneurs, les différentes formes de poisons, les animaux venimeux…
  • Une BD à paraître chez Delcourt en 2018. J’y raconterai l’histoire vraie d’une famille de réfugiés syriens venus s’installer en France. Il s’agit d’un témoignage que je recueille depuis plusieurs semaines et que je retranscris en BD. C’est un exercice à la fois bouleversant et passionnant.

 

Tes premiers souvenirs d’écriture ?  

Il n’y a pas si longtemps encore, je me voyais plus comme un dessinateur que comme un scénariste. Depuis tout petit, ce que j’aimais c’était le dessin et on me répétait que je dessinais bien. Quand je faisais des BD à l’école, je n’écrivais rien, je dessinais. L’histoire venait au fur et à mesure. L’important, c’était qu’il y ait des cow-boys, des indiens, des chevaux, de la castagne… ça suffisait à mon bonheur !

En 2009, j’ai commencé à me mettre un peu plus sérieusement à la BD. J’étais d’ailleurs tellement persuadé de n’être que dessinateur que je ne faisais rien sans m’adjoindre un scénariste. Assez mauvais à l’école en matières littéraires, je m’étais bêtement dit que je n’avais sans doute pas le niveau pour raconter des histoires. Heureusement, peut-être, j’ai commencé à sentir que le dessin n’était finalement pour moi qu’un aspect de ce que j’avais envie de faire et de dire. Et sans doute pas le plus important.

Aujourd’hui, je ressens plus de plaisir dans l’exercice du scénario que dans celui du dessin qui n’est pour moi que la conclusion d’un projet, et non son cœur.

D’où est venue l’envie d’écrire ?

Je crois que le déclencheur a été ma contribution à un concours de BD, un an plus tard. J’y participais avec un scénariste qui m’a lâché en cours de route et j’ai dû terminer l’histoire tout seul. Ce n’était pas évident car j’avais la « contrainte » de ce qu’il avait déjà mis en place. Je devais trouver une fin cohérente. J’ai adoré l’exercice, même si je n’ai pas gagné. Je me suis donc dit que je pouvais écrire moi-même mes propres histoires, ça m’a donné confiance. J’ai commencé par des récits courts et des gags, en particulier pour le Psikopat. Et je me suis rendu compte que j’adorais ça. Penser une histoire, l’écrire, la mettre en scène… Aujourd’hui, je ressens plus de plaisir dans l’exercice du scénario que dans celui du dessin qui n’est pour moi que la conclusion d’un projet, et non son cœur comme je l’envisageais avant.

 

Quand t’es-tu senti professionnel ?

Ça s’est fait très doucement. En 2009, je suis revenu m’installer en France (à l’époque, je vivais au Brésil où je travaillais dans un bureau d’études en bâtiment). J’avais pour but, justement, d’essayer de faire de la BD, mon rêve de gamin. Ingénieur dans la journée, je réalisais mes récits courts, mes gags et mes illustrations, le soir après le boulot. Au début, c’était évidemment sans rémunération, juste pour le plaisir de dessiner.

Et puis, au fur et à mesure, j’ai progressé et la presse BD a commencé à me publier et à me payer. Pas suffisamment pour en vivre, bien sûr, mais je l’ai vu comme un encouragement. Cela m’a motivé à m’accrocher. Enchaîner des heures de dessin après une journée de boulot, ce n’était pas évident. Et puis en 2012, je suis allé au festival d’Angoulême pour montrer ce que je faisais à des éditeurs. Je n’avais pas vraiment de projet, je voulais surtout un retour de professionnels sur mon travail.

Pour moi, la sensation d’être professionnel n’est pas liée au revenu mais au fait que ce soit une activité qui occupe l’essentiel de mon temps.

Aux Zooportunités, j’ai rencontré un certain Yannick Lejeune, éditeur Delcourt, qui a eu l’air de bien aimer mes dessins. On a discuté rapidement de mes projets éventuels. Il en a balayé quelques-uns plutôt humoristiques en me demandant si je n’avais pas plutôt « une histoire qui me tenait à cœur ». Je lui ai expliqué que j’avais une idée de livre, sans pour autant que cela soit un vrai projet à ce stade : raconter la naissance de ma deuxième fille, née avec une trisomie non détectée pendant la grossesse. C’est devenu « Ce n’est pas toi que j’attendais ». J’ai bossé deux ans dessus le soir après le boulot. Et le livre est sorti en 2014. L’album a été très bien accueilli tant par la critique que le public. Cela m’a apporté une petite visibilité qui m’a permis d’enchaîner avec d’autres projets, de livres ou pour la presse, et d’être sollicité pour des commandes…

Petit à petit, j’ai lâché mon emploi d’ingénieur pour passer mes journées à dessiner et à écrire. Je dirais que, pour moi, la sensation d’être professionnel n’est pas liée au revenu mais au fait que ce soit une activité qui occupe l’essentiel de mon temps, de mes journées. Et je suis dans cette situation depuis presque deux ans.

Heureux qui comme Alex - Fabien Toulmé
Extrait de la série « Heureux qui comme Alex », une légère mise en abîme.

 

Est-ce qu’il y a des thèmes récurrents dont ton œuvre ?

Pour le moment mon « œuvre » est relativement succincte mais je me rends compte que les sujets qui m’intéressent sont liés à l’humain, aux trajectoires de vie. D’une façon générale, je suis assez passionné par la vie des gens, j’adore écouter leur parcours, le pourquoi de leurs choix, s’ils sont heureux. Même dans les vies apparemment « simples » ou banales, je vois des choses passionnantes… Dans une conversation, je vais avoir tendance à écouter les gens plutôt qu’à me raconter. Ça correspond finalement assez bien à la façon dont je me vois en tant qu’auteur. Même si c’est moi que j’ai raconté dans « Ce n’est pas toi que j’attendais ».

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BD, Romans, Littérature Cinéma Liens Scénarios Writing

Les 7 liens de la semaine #1


En Français :

  • Pourquoi les super-héros n’ont-ils pas libéré Auschwitz ?
    Compte-rendu de la table ronde organisée par le Mémorial de la Shoah dans le cadre de l’exposition « Shoah et Bande Dessinée » avec Chris Claremont, légendaire scénariste des X-Men, Jean-Pierre Dionnet, auteur mythique et fondateur de Métal Hurlant, Tal Bruttmann, historien et Philippe Guedj, journaliste.

En Anglais :

Cette semaine, merci à Frans-Alexandre Torreele pour son idée de lien.