NB : Note initialement publiée sur mon blog précédent, le 24 juin 2010.
Il serait présomptueux de ma part de vous dire que je connais Elise Costa. Il serait probablement plus correct de vous dire que je lui ai déjà parlé, que nous nous sommes croisés.
- La première fois, c’était alors que nous essayions de rendre le moral à une amie commune qui passait une sale journée (les amies de mes amies étant mes amies, Elise serait-elle mon amie ?).
- La seconde fois, c’était en cherchant à échanger nos places pour optimiser notre vision du très drôle spectacle Spamalot auquel l’amie susévoquée (j’invente des mots si je veux) nous avait conviés.
Bref, la chronique ci-dessous, aussi subjective soit-elle, ne peut être apparentée à de la camaraderie et je vous prie de croire qu’il faut absolument lire Comment je n’ai pas rencontré Britney Spears, premier livre d’Elise tout juste sorti dans toutes les bonnes librairies.
« Mais pourquoi lire ce livre ? », me demanderez-vous sans me faire l’honneur d’une confiance aveugle dans mon discernement, bande de petits galopins.
Commençons par le contenu… Difficile de vous résumer le roman en quelques mots. Disons qu’il s’agit d’un road trip sur les traces de Britney Spears. De New York à Los Angelès, en passant par la Louisiane, l’auteur enquête sur le phénomène B.S. tout en cotoyant l’Amérique « profonde ». Dissertant avec humour, et quand même pas mal de profondeur, sur l’époque, celle-ci décortique le mythe, cherche l’être humain qui se cache derrière et raconte son expérience solitaire sur les routes d’un concert de la star. Le tout est écrit avec érudition et brio, le style est remarquable. La thématique offre un grand écart réussi entre l’enthousiasme décomplexé de Fan De et la branchitude désabusée de Californication, c’est extrêmement drôle, bien vu et documenté. Bref, lisez-le !
« Mais finalement, c’est qui cette Elise Costa ? »
Est-ce un auteur important ? Que savons-nous d’elle après la lecture ? Pourquoi s’intéresser à cette auteur et pas à une autre ?
- Elise Costa est rousse (ok ça n’a rien de littéraire et peut paraître futile mais j’arrête tout de suite les détracteurs de cette couleur, chez moi, c’est une grande qualité);
- Elise Costa dégage beaucoup d’intelligence, c’est comme ça, c’est dans son regard, c’est non négociable;
- Elise Costa est drôle. Si aucune de nos rencontres ne s’est prêtée à l’exercice de l’humour déchainé, je vous conseille d’aller faire un tour sur son blog Fuck You Billy pour vous en rendre compte (vous aussi vous découvrirez la frustation de ne pouvoir lui laisser des commentaires aussi brillants que « ha ouais moi comme toi » ou « hu hu hu »);
- Elise Costa écrit « vachement » bien. C’est sensible dans ses notes de blog, dans ses chroniques pour la presse, c’est encore plus flagrant dans son livre. Rares sont les auteurs aussi fluides. Rares sont ceux qui peuvent écrire propylée, antépathe et dithyrambes sans me donner envie de jeter leur livre en pâture aux fans de Marc Levy…
- Elise Costa peut écrire une note de bas de page sur l’hyperréel en tant qu’univers de simulation ou sur la définition du heavy metal avec autant de style qu’une autre note évoquant les rapports entre sodomie et problèmes gastriques. C’est ça, la classe.
- Elise Costa est une enfant terrible de son époque, une trentenaire qui a absorbé tout ce que nous avons traversé (des 80s aux 2000s) et peut citer sur la même page David Duchovny, Tory Spelling, Braindead et la petite maison dans la prairie. Ce qui en fait forcément quelqu’un de bien.
- En fait, Elise Costa, c’est la fille démoniaque née de la partouse improbable entre Jean Chalopin, Philippe Manoeuvre, Vincent Delerm, Alain Chabat, Chuck Palahniuk, Marc Toesca, Frédéric Beigbeder, Jon Stewart, Charles Bukowski et Kevin Smith (cette orgie a vraiment eu lieu mais je ne peux en dire plus).
- Elise Costa est très calée en musique. Elle est à Britney Spears ce qu’Olivier Cachin est au Rap ou à Michael Jackson. Même ce dont elle dit se moquer, elle le sait. C’est dans son livre. La seule anecdote digne d’intérêt qui n’y est pas, c’est l' »emballage » de B.S. par Neil Strauss relatée dans The Game, autre livre rock’n roll (sous couvert de manuel de la drague) que je vous conseille grandement.
- Elise Costa ne se trompe que deux fois dans son livre :
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- p. 81 : « Les deux plus grands teen movies de tous les temps sont Bring It On et ClueLess »… Pfff, on sait bien que le meilleur teen movie du monde, c’est La folle journée de Ferris Bueller.
- p. 215, en parlant des Pussycat Dolls, elle écrit « Le girls band, à l’origine d’anciennes strip-teaseuses de Las Vegas ». A l’origine, il s’agissait en fait d’une revue burlesque du Viper Room créée sur Sunset Boulevard à Hollywood. Le show de Las Vegas, qui n’a du « strip » que l’emplacement, a été créé bien après le groupe, en 2005.
- Elise Costa a déjà pété la gueule deux fois à Chuck Norris (ce qui n’est pas dans son livre mais qui rattrape drôlement bien le point précédent).
Si avec tout ça, vous n’êtes pas convaincus, je ne peux plus rien pour vous…
A part vous mettre un lien pour l’acheter : Comment je n’ai pas rencontré Britney Spears